Pied à terre normand d’une grande dame

La Villa Sarah Bernhardt, ou bien « le château de la solitude » a été construit entre 1878 et 1881 à la demande d’une des plus grandes vedettes de la Belle Epoque : Sarah Bernhardt. Surnommée le « monstre sacré », elle avait fait l’acquisition d’une ferme dans les hauteurs dionysiennes avec vue sur l’estuaire havrais. La comédienne demanda à l’architecte Georges de Broker la construction de trois pavillons. Un pavillon pour elle ; le deuxième pour son mari artiste grecque nommé Damala, et un dernier pour son fils adoré Maurice Bernhardt. La maison était entourée d’un somptueux jardin. Un très grand tilleul où Sarah aimait se reposer est toujours présent.

Au dessus de l’entrée existait une plaque aujourd’hui disparu ou il était inscrit : « C’est ici de Sarah la joyeuse demeure, On y chante, on y rit et jamais on y pleure ». Sur la façade on peut y voir les initiales de la tragédienne « SB », ainsi que les attributs de la tragédie et de la peinture. Cette maison était un lieu de villégiature, où Sarah Bernhardt venait avec ses amis s’amuser, faire la fête, se reposer ; répéter, mais aussi se préparer avant ses tournées dans le monde entier qui duraient plusieurs mois. Il existe une photo de Sarah Bernhardt dans cette villa accompagnée de sa mère, gouvernants et amis. La maison n’a pas été beaucoup utilisée par l’actrice. Durant la période où elle possédait cette maison, Sarah Bernhardt était au sommet de sa gloire. Elle fit son premier voyage en Amérique pendant 9 mois. Elle acheta un hôtel particuliers à Paris. Elle eut deux grands rôles majeurs : Féodora en 1882 et Théodora en 1884. Elle se maria en 1882, fit des tournées en Europe … Malheureusement  cette tragédienne à la devise « Quand même », dépensait plus qu’elle ne possédait et c’est en 1885 que le lieu est saisi par la justice et vendu, seulement cinq années après sa construction. Sarah Bernhardt n’a pas longtemps profité de sa belle villa normande.

Ensuite, la maison entra dans une période plus sombre. La maison changea plusieurs fois de propriétaires et petit à petit s’est dégradée. Lors de la Seconde Guerre mondiale des bombardements ont eu lieu à proximité de la maison ; les Allemands, les Américains ainsi que des français ont saccagé et volé tout ce qu’ils trouvèrent dans la maison. La maison fit démantelée de toute part, les boiseries,  le parquet ont été arrachés, les intempéries ont aggravé la situation du lieu. Vous pourrez voir la disparition des toitures, du bow-window, du balcon, et autres détails entre les photos de la maison à l’origine et aujourd’hui. De plus les propriétaires suivants n’ont pas améliorer l’état de la maison qui était très délabrée. C’est cent ans après la construction de maison, en 1981, que les propriétaires ont pu faire renaitre la maison. Grace à de très grands travaux de rénovation, la maison a été sauvée, cela a participé à la sauvegarde de notre formidable patrimoine local. La villa est la seule rescapée des trois pavillons d’origine ; elle est la trace d’un petit bout de vie d’une grande personne.

Remerciements à Monsieur Barthelemy et Virginie Stil

Thomas Le Scornet

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